Comme on a pu le voir dans l’épisode précédent dédié à Rosetta Tharpe, le Rock and Roll trouve donc ses racines dans la musique noire américaine des années 40 (gospel, blues, rythm’n blues).

Et s’il fallait le confirmer : la majorité des historiens attribuent le premier « vrai » titre Rock and Roll à l’artiste noir Jackie Brenston – et Ike Turner au piano – avec Rocket 88. Sorti en avril 1951.

Avec l’apparition des labels indépendants, dès 1948 (Atlantic, Chess…) et la popularisation de la radio; le Rock and Roll devient LA nouvelle tendance musicale…Ce qui n’échappera pas au disc jockey Alan Freed qui va y consacrer, dès 1951, toute une émission radio : Moondog’s Rock’n’roll Party.

C’est en grosse partie à lui, que l’on doit l’éclosion du Rock and Roll. C’est lui aussi qui modifie légèrement son appellation en mangeant le « and ». Ce qui n’est pas si anodin mais j’y reviendrai dans le prochain épisode.

Parce que, ce qui nous intéresse pour l’heure, c’est que Alan Freed est blanc.

Et que, ce qui va donner sa véritable identité au rock and roll, pardon : rock’n’roll, c’est son métissage…

Quand le blues rencontre la country…

La country (ou country music) est un genre musical qui va rapidement se développer dans le sud-est des États-Unis aux alentours des années 20.

Et qui reste très populaire aujourd’hui, du moins, en Amérique.

Elle prend forme en mélangeant des musiques traditionnelles, folkloriques et chrétiennes parvenues d’Europe (notamment d’Irlande et des Pays-Bas) et des provinces maritimes du Canada.

La country est alors aux blancs, ce que le blues est aux noirs. À une époque où, rappelons-le, chaque musique était faite par et pour sa propre ethnie et, de facto, sa couleur. Mais l’appellation « country » ne sera pleinement utilisée qu’à la fin des années 40, quand il s’agira, justement, de garder une identification détachée du rock and roll.

Avant cela, cette musique était appelée :

Hillbilly 

Mais le hillbilly est en fait, avant tout… Disons… Un stéréotype américain.  Appliqué à certains habitants blancs des Appalaches et des monts Ozarks. Et si vous voulez vous faire rapidement une image, sans plus un mot, visualisez Cletus, le personnage « paysan » des Simpsons…  

Le terme hillbilly fait son apparition vers 1900 et il sert à désigner « toute population ou tout citoyen inculte, fortement attaché à ses pénates et à ses traditions et vivant dans des contrées rurales. » L’équivalente traduction en français est le terme « péquenaud » ou « plouc ».

Les Appalaches est une région qui a été particulièrement colonisée par l’Europe. Ce qui explique alors la naissance de ce genre musical. Mais qui permet aussi d’élargir le terme hillbilly à « hillbilly boogie », le rendant moins péjoratif, et servant alors à désigner, de façon plus générale, « la musique traditionnelle des blancs ». 

Le premier artiste à être enregistré dans ce style est Fiddlin’ John Carson, en 1923.

Et, à présent catégorisée, cette musique va connaître un essor fulgurant grâce à la radiodiffusion (autorisée depuis 1922). Facilement reconnaissable avec ses banjos, ses violons, orchestres à cordes… Et très entraînante, la musique hillbilly sera alors la plus jouée aux États-Unis.

Cependant, dès 1930, le style rétro et, plus précisément, l’image du hillbilly se voit délaissée par la médiatisation du « cowboy chantant ». Quand même plus « sexy » et plus vendeuse. Ce qui nous conduit peu à peu vers la « country western » puis, la country telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Mais lors des années 40, c’est bien la musique noire qui évolue le plus (et le mieux. Ndlr) et apporte les prémices du rock and roll. Les blancs, voyant le vent tourner, vont alors se pencher sur ce nouveau courant musical, mis en avant à la radio par Alan Freed.

Le rock and roll issu du rythm’n’blues va alors rencontrer le hillbilly. Voilà que naît :

Le rockabilly 

C’est – grossièrement – ce terme et ce style qui vont donner la naissance du rock and roll. Enfin… La naissance de son succès commercial – blanchi – en 1954 grâce à Rock Around the Clock de Bill Haley & His Comets.

Mais ne tournons pas autour du pot : s’il y a une personne à nommer pour évoquer le rockabilly, c’est celui qui sort sa première chanson That’s All Right, Mama, aussi en 1954, le jeune Elvis Aaron Presley. Bien qu’on puisse citer Johnny Cash, Carl Perkins ou encore Roy Orbison, c’est bien le King, qui va le cristalliser, et même le rock’n’roll en général, dans les années 50. 

Celui qui va le plus contribuer à l’exporter.

Ce qui va musicalement caractériser le rockabilly c’est surtout la contrebasse. Jouée alors en slap ou pizzicato. Accompagnant, le plus souvent, la guitare électrique. Tandis que d’autres préféreront encore la prédominance du piano et des cuivres.

Mais le rockabilly à aussi ça d’intéressant, qu’il va être le premier style (musical) à apporter son style (vestimentaire). Là encore lancé par Elvis avec sa veste noire de prisonnier dans son Jailhouse Rock. 

Un style qui sera vite approprié par la jeunesse d’alors, calquée également sur les idoles cinématographiques tels que James Dean et Marlon Brando; un look à base de gomina, de jeans élimés, ourlets apparants et, bien sûr, de blousons en similicuir noir.

Le rockabilly, la jeunesse… Voilà ce qui va surtout permettre au rock’n’roll sa révolution première : Tomber, enfin casser, plutôt, des barrières ! 

Mais ça, c’est dans le prochain épisode pour clôre le chapitre du rock des années 50…

Brice Leclerc

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