Ceux qui lisaient le webzine La Fléministe connaissent déjà Brice, cette encyclopédie de la musique ! La Fléministe n’étant plus en ligne, j’ai proposé à Brice de continuer à écrire directement via mon blog. Il a tout de suite accepté, voici donc son premier article (qui sera en plusieurs parties) sur l’histoire du Slow ! Bonne lecture !

Moment tant attendu que redouté pour quiconque se rendait à une boom dans les années 80 / 90, le Slow est une tradition qui n’a pas survécu aux années 2000. À l’évolution des mœurs, de la technologie et de la société. En ce mois de St Valentin, j’avais envie de retracer l’histoire du Slow. Et quitte à remonter le temps, autant remonter à ses origines, il y a près de 120 ans…

D’un autre temps…

Aux alentours de 1910, une danse dite « de salon » prend naissance parmi la population noire de Harlem, à New-York. Elle tire ses influences du Negro-spiritual, du One-step et du Rag et se danse à deux, sur un rythme assez lent.

On doit son apparition en Europe en 1917, grâce aux « Boys » américains venus combattre les forces allemandes aux côtés des alliés. L’Europe va alors se réapproprier cette danse en la rendant plus policée et en augmentant son rythme jugé trop lent. Ainsi naît le Foxtrot.

Dans les années 20, le Foxtrot est joué par des orchestres avec de très grands écarts de vitesses et pour des tempos tout aussi différents. À tel point qu’une seule et unique danse ne suffit plus.On crée alors d’une part le Quick time fox-trot (qui deviendra le Quick-step) et d’autre part le Slow fox-trot ou Slowfox. Le tempo idéal du slow-fox est de vingt-neuf à trente mesures à la minute.

Musique !

Ce sont les professeurs et danseurs anglais qui allaient, au fil du temps, enrichir cette danse et lui donner sa structure des années 20 à 50. Les pas les plus importants du Slow-Fox sont « les 3 pas », le « chassé » et surtout « la plume » qui caractérise certainement le plus cette danse. Avec ses longs mouvements fluides et continus, jusqu’au travers des années 40, le Slowfox était paradoxalement la musique rapide la plus pratiquée. Et la majorité des disques créés à cette époque étaient du Foxtrot.

Ni la Valse, ni le Tango ne surpassaient sa popularité. Ni même la mode croissante du Lindy Hop car le Slowfox pouvait aussi, pour les danseurs les plus expérimentés, s’effectuer sur les disques estampillés Lindy. 

Jusqu’à ce que, au début des années 50, le Rock’n’roll fasse son apparition, chamboulant alors les maisons de disques qui n’étaient pas certaines de quel style de danse était le plus adapté à ce nouveau genre. C’est d’ailleurs ce qui explique pourquoi Rock Around the Clock de Billy Haley and His Comets, vendu à plus de 25 millions d’exemplaires, est à la fois le premier succès rock de l’histoire et la plus grosse vente de disques Foxtrot. 

Le rock va tout renverser sur son passage avec ses propres codes, sa propre danse (on est encore dans les années 50) qui va également se diviser en d’autres genres… On pourrait alors penser à la fin du Slowfox…Au lieu de quoi, il va se « spécialiser » encore un peu plus, notamment grâce à un groupe afro-américain et l’un de leurs plus gros succès…

Oooonlyy Yoooooou !

The Platters est un groupe vocal de Doo-wop – et accessoirement de rock ‘n’ roll – formé en 1952 à Los Angeles. Le quintet va se retrouver propulsé sur la scène mondiale en 1955 lorsqu’il sort son tube : Only You. Et doublé par leur succès suivant The Great Pretender, The Platters vont marquer les pistes de danse jusqu’aux années 60.

Si le Foxtrot, dans son évolution et son accélération, a finalement mené au rock’n’roll, il allait avoir là l’occasion de s’en affranchir. En se réappropriant pleinement ses origines: en ralentissant à nouveau. Et encore un peu plus.

Ce ralentissement va aussi impliquer une simplification des pas et ainsi pouvoir commencer à s’adresser aux « danseurs du dimanche ». Mais c’est surtout le contenu même de la musique (en l’occurrence des Platters) qui va changer la donne… C’est une chanson d’amour ! Chanté par un amoureux, à son amoureuse, pour lui déclarer tout son amour.

Et c’est ainsi que, dès la fin des années 50, et pour la décennie à venir, le Slowfox allait être interprété dans la danse tant de façon « traditionnelle » que d’une nouvelle façon, appropriée par les amoureux avec quasiment plus aucun éloignement dans les pas. Et les chanteurs/groupes comprenaient l’importance de la chanson d’amour. 

Dans les années 60, le rock va évoluer de son côté : Elvis Presley, The Beatles etc. Devenant de moins en moins dansant à deux. Tandis que des duos comme The Righteous Brothers ou des crooners comme Frank Sinatra se perfectionnent dans l’art de la chanson d’amour. Et La soul et le Rythm’n’blues commencent aussi à faire leur apparition dans les bals. L’évolution des mœurs… Les paroles un peu plus profanes… Et le Slowfox n’est plus la danse des danseurs. Le Slowfox, se dansant toujours plus « Slow », devient définitivement la danse des amoureux.

Brice Leclerc

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