Brice est une véritable encyclopédie musicale ! Voici la deuxième partie de l’Histoire du Slow, la première partie est juste ici !
That 70’s show !
Le Disco est un genre musical apparu aux États-Unis à la fin de la première partie des années 70. Issu des genres funk, soul, pop, salsa et psychédélique, il va être LA révolution de la prochaine décennie. Et comme tout (nouveau) genre musical, il débarque en fanfare avec ses propres codes et, donc, sa propre danse. Que je ne vais même pas prendre la peine de vous (re)présenter tellement elle a été populaire… Populaire mais très individualiste.
En fait, le Disco est une réponse de « contre-culture » au rock de la fin des années 60 (Hendrix, Joplin, The Doors…) qui était certes devenu LE Rock. Mais n’avait plus rien de dansant.
Alors, dans quelques boîtes de nuit américaines, au début des 70’s, les disc-jockeys se mettaient à remixer des morceaux Soul pour les rendre encore plus dansant et là, c’est le dra.. euh le Disco, je veux dire.
Et le Slow dans tout ça ?
Et bien, le Slow va devenir plus populaire que jamais avec son effet « contre-culture » de contre-culture !
Car, oui, la danse Rock’n’roll et le Boogie-woogie ne sont plus avec ce nouveau rock. Et le Disco, son opposé, festif, est très dansant, se danse dans les discothèques, à plusieurs, mais tient plus de la démonstration à l’autre. La danse à deux n’existait quasiment plus, du moins, pour les plus jeunes. Heureusement, restait toujours les chansons d’amour.
Le Slow va même évoluer dans une certaine régression : il permettait encore de se rapprocher sans passer par les codes des vieilles danses comme la valse, le cha cha ou le tango. Qui n’étaient plus transmises. Il suffisait de se prendre par les main, les épaules, les hanches et de tournoyer lentement au rythme de la chanson.
Et / mais dans ces moments d’entre-deux rythmes de rock et de disco. Effrénés. Le Slow, danse par excellence des amoureux, commençait aussi à prendre des allures de deux boxeurs s’agrippant en fin de round pour reprendre leur souffle…
Et en 1980, Joe Dassin, visionnaire, chantait en mise en abîme son succès : « Le dernier Slow ».
Le chant du cygne…
Pourtant, bon gré mal gré, le Slow va réussir à passer les années 80. De façon moindre, n’étant plus relégué qu’à « bout de soirée », plus marginale, mais quand même.
Le Rock s’est encore un peu plus anarchisé; il y a eu le Punk et en cette fin des années 80, le Grunge émerge… Le Disco, lui, à laisser sa place à la New-wave, la Pop mais surtout la House et la Dance.
En fait, en ce début 90, le Slow va même s’offrir un magnifique chant du cygne tandis que se perpétuait la tradition des boums. Ces fêtes que les adolescents organisaient entre eux à l’occasion d’anniversaires ou des fins d’années scolaires. Et qui, plus intimistes, étaient aussi plus fortement connotées, propices au flirt, aux premiers émois amoureux et à l’éveil sexuel.
Et les Slows les plus populaires, c’est alors au Rock qu’on les devait. Plus à celui des Platters, du King ou des Beatles… Mais bien à celui du Heavy / Hard Rock d’à partir des 70’s avec ses « Power Ballad » (ou ballade rock). Finalement, Slow et Rock étaient restées soeurs alliées. Et l’évolution de l’une permettait la survie de l’autre.
Dans la Power Ballad, les textes évoquent plutôt les amours contrariés, la perte, le besoin, la détresse… Ce qui ouvre encore plus la porte aux émotions. Moteur premier de l’amour. Du Slow.
Avec sa construction (archi)codée, la ballade Rock s’ouvre sur un air lent, doux et mélodique. À la guitare électrique ou au synthétiseur. Puis apparaît la batterie, souvent même qu’après le premier refrain. La montée en puissance, du volume sonore, une deuxième guitare en distorsion, l’effet dramatique… Un bon gros solo… Puis une reprise jusqu’au paroxysme. Avec pour variante une fin sur le retour au calme initial de la chanson.
Et vous obtenez là la recette parfaite du Slow parfait, sur trois décennies : Love Hurts de Nazareth (75), Still Loving You de Scorpions, (84)…parmi des centaines d’exemples. Et ça s’amplifie dans les années 90 : Metallica, les Guns, Bon Jovi etc. Chaque gros groupe rock y va de sa Power Ballad.
Le Slow à son paroxysme, le Slow sur sa fin…
Au cours de ses quatre-vingt-dix ans d’existence, le Slow est devenu bien plus qu’une danse, qu’un phénomène de mode : un phénomène de société. Il ne s’agissait plus de danser, il s’agissait d’aller vers l’autre. De se rencontrer. Et avec un peu de chance, de s’aimer.
Mais dès le milieu des années 90, tout s’accélère et « tout » va concourir à faire disparaitre le Slow. Le Rock, post Cobain, s’essouffle ; le rap émerge. La musique s’électronise un peu plus encore. Et la Power Ballad se ringardise.
Puis internet, les téléphones mobiles… Les jeunes n’ont plus à attendre des booms pour se rencontrer, pour approfondir des liens. À la fin des années 90, la jeunesse n’a plus le besoin, ni même le désir de s’inventer une nouvelle danse; elle se trouve un nouveau langage. Le flirt trouve d’autres codes.
Pourtant les chansons d’amour existent toujours, Adèle, Ed Sheeran savent encore toucher les cordes sensibles mais elle ne résonnent plus dans l’expérience.
Tout s’est accéléré et la culture Slow s’est vu distancée. A fini par disparaitre. N’existant plus que dans le souvenir de ceux qui étaient adolescents dans les années 90.
Qui sont alors les plus a même de raconter si sa disparition est une bonne ou une mauvaise chose…