La musique…
Née dès les premiers jours des premiers hommes, elle fut d’abord utilisée pour communiquer. Littéralement.
Dans l’antiquité, en Grèce, quelques hommes trouvèrent en elle une façon de s’exprimer. Artistiquement.
Mais si Pythagore élabora une première codification. La musique, du moins, la mélodie fut vite réappropriée par l’homme afin de s’adresser à Dieu.
Mais la France fut le berceau d’une première scission.
Le moyen-âge apporta une façon de combiner musique, poésie et chant. Non, plus pour prier, mais pour parler d’amour. D’amour « courtois et raffiné » entre deux humains. Ainsi sont nées les premières « Cansos ». Les chansons.
Puis, très vite, la satire y fit son apparition.
La musique devint aussi un moyen – à peine dissimulé – de s’engager contre l’état roi. Ce qui marqua une rupture encore plus importante entre : la musique d’église. La sacrée. Et la musique pour le « peuple ». La profane.
Cette dualité : « Art ancien » contre « Art nouveau »;
Allait alors franchir les frontières. Et s’accentuer en Italie. Nous voilà alors au moment où la musique allait (enfin) pouvoir commencer à accomplir son destin…

La (Re) Naissance
La Renaissance est, avant tout, une charnière importante dans l’Histoire.
Pas celle de la musique mais bien celle avec un grand H.
On aime, pour le symbole, dater son commencement à 1492. Avec la découverte des « Amériques » par Christophe Colomb.
Mais elle se dessinait déjà bien avant…
Ce qui caractérise pleinement la Renaissance, c’est surtout son avancée, pour ne pas dire bond, dans les mœurs.
C’est la période dite de « l’humanisme ». L’humanisme est un mouvement de pensée qui naît en Italie et dont on attribue la paternité au poète Pétrarque (1304 – 1374). Et pour (très) grossièrement le résumer : il invite l’humain à se « nourrir » des créations humaines plutôt que de celles de Dieu.
Dans les plus importantes « créations humaines » se trouvaient alors la philosophie et l’art.
La peinture était l’art prédominant et la musique, alors trop associée à Dieu, n’arrivait que loin derrière.
Mais, l’humanisme va prendre sa source dans l’antiquité en regardant surtout vers la Grèce, berceau des plus grandes premières pensées philosophiques.
Et ! Berceau de la musique en tant qu’ art.
Donc…
Forcément…

« Art is Music…
Bien sûr, la musique ne va pas se faire révolution(naire) en un jour…
À vrai dire, techniquement, elle n’aura même aucune évolution durant plus de la moitié de la Renaissance.
Une fois encore, ça va surtout être dans les mœurs. Les mœurs, et le progrès…
C’est à un grand théoricien de la musique, Franchino Gaffurio (1451 – 1522), des décennies plus tard donc, que l’on doit la vraie avancée de codification de la musique. Il va reprendre les premiers écrits de Pythagore, pour les associer aux prémices du solfège créé par les hommes d’église (voir épisodes précédents); pour arriver, petit à petit, à la « tablature », quasi-universelle, que l’on connait aujourd’hui.

Mais Franchino et la musique, vont surtout bénéficier d’un grand coup de pouce de l’Histoire que ni Pythagore, ni Guido, n’ont eu… Celui du progrès ! Ici trouvé par un certain Johannes Gutenberg en 1450 : l’imprimerie. C’est cette incroyable invention de la machine à imprimer qui symbolise le mieux la date de naissance de la Renaissance.
Et, ainsi, celle de la musique qui se fait ici petite sœur de la littérature.

L’apprentissage de la musique théorique n’allait, à présent, plus être réservé à « quelques » moines qui avaient avantage de savoir bien écrire. Ni réservé à « quelques » privilégiés d’y avoir accès par transmission… Puis par transmission de transmission. Non, la théorie musicale devient alors apprenable par tous, à tout moment !
Et le rêve de Pythagore, mille ans auparavant, se réalise…
Et celui de Pétrarque ! Voilà que la musique rejoint pleinement le mouvement humaniste…
Elle ne va donc plus prioritairement trouver son inspiration dans les voies de Dieu.
Maintenant, en plus des compositions sacrées, qui parlent toujours de religion ;Et, en plus des « Cansos d’amour »; l’on voit fleurir des compositions qui s’inspirent de l’art de l’homme : des peintures et de la littérature…
… Music is Art. »
La musique va – quand même ! – avoir son lot d’innovations techniques et matérielles lors de la Renaissance :
Côté instruments, bien que le Luth, déjà utilisé au moyen-âge, restera celui à la mode des 200 prochaines années;
vont être créés et/ou perfectionnés durant cette période :
– Les flûtes traversières et les flûtes à bec.
– Le hautbois la trompette, le clavecin, l’orgue, la cornemuse, la lyre…
– Et, enfin, et pas des moindres, la future star : le violon ! Qui voit le jour en 1520 (vraisemblablement à Crémone ou a Brescia).
Et donc , dans sa théorie écrite par ce cher Franchino (la tablature); qui se voit, à présent, accepter les tierces et les sixtes comme consonances… Ainsi, les maîtres du contrepoint (superposition de lignes mélodiques) vont commencer à élaborer de nouvelles règles pour contrôler ses consonances. Modernisant alors le principe d’harmonie.
Tout cela va permettre de complexifier encore (et encore) un peu plus le chant polyphonique. Ainsi va émerger, vers la fin de la Renaissance, un art dans l’art… Celui de l’opéra.
Le premier vrai art de la musique classique !
Et d’ailleurs, maintenant qu’on entre dans le vif du sujet…
Pourquoi appelle-t-on cela musique « Classique » ?
Suite au prochain épisode…